Alter Info – 27 Décembre 2014

Interview avec Yassin Al-Haj Saleh, écrivain et activiste syrien. Prisonnier politique de Bashar Al- Assad pendant 16 ans (1980 et le 1996). Cette dernière année il a habité à Istanbul.

IDP/LI: Obama menace avec l’attaque a l’ISIS à la Syrie… et le régime de Assad salue cette action et il se propose lui même comme allié de Occident contre la terreur. Iran joue de la même façon.

YH.- J’ai toujours pensé que la meilleure façon d’agir contre l’ISIS c’était aider la lutte des syriens contre le régime de Assad. Non seulement parce que c’est un régime tyrannique et sectaire, mais parce qu’en fait c’est un régime terroriste, qu’a utilisé et manipulé pendant les années antérieures à la révolution syrienne, les groupes fascistes jihadistes à l’Irak et au Liban. Je vois les plans d’attaque occidentaux contre l’ISIS comme une autre trahison vers notre peuple, sans aider les syriens que luttent contre Assad, sans aborder les racines politiques et sociales de la lutte syrienne. Tout cela après trois ans en demandant de l’aide contre le régime criminel. Nous ne devons pas oublier la honteuse réaction de Occident après la massacre chimie il y a un an. L’ISIS, avec ses manières inhumaines, a beaucoup capitalisé la réaction à ce crime atroce.

IDP/LI.- Comment peux-tu expliquer la rapide croissance de l’ISIS? Quel a rôle a joué à la 5ª colonne contra la révolution syrienne?

YH.-Il n’y a pas une explication simple pour sa croissance. D’abord, il a augmenté les tendances nihilistes dans la conscience de beaucoup de syriens (et irakiens). C’est le résultat de longues injustices et la faute de confiance à l’institution mondiale. Deuxièmement, l’ISIS a un projet, une espèce de “construction nationale’’, appliquée avec une cruelle détermination. Troisièmement, le régime de Assad est satisfait de l’essor de l’ISIS, une organisation ultra-extrémiste que donne crédibilité à son discours de lutte contre le terrorisme. C’est un fait connu qu’actuellement le régime évite le combat avec l’ISIS, en attaquant uniquement la résistance contre le régime et contre l’ISIS même. L’ISIS, dont beaucoup de ses membres de étaient baazistes irakiens, c’est bon pour le régime parce que c’est une machine de tuer, bien que moins effective que le régime d’Assad. Il  l’égale en brutalité et le dépasse avec  le caractère spectaculaire de ses crimes. Il détruit les mouvements populaires similaires, prend en otage ou assassine les activistes contre le régime, et c’est l’unique chose au monde sur laquelle on peut dire de forme justifiée que c’est pire que le propre régime.

IDP/LI.- Trois années après le début de la révolution, beaucoup de secteurs politiques affirment que la révolution est devenue une guerre civile sectaire. Es-tu  d’accord avec cette idée? Comment tu analyses l’actuelle situation de la révolution syrienne?

YH.-C’est vrai qu’il y a un grand élément sectaire dans la lutte syrienne, qu’a augmenté dans les deux derniers années. Mais le monde des sectes n’est pas séparé du monde de classes. Le sectarisme, à mon avis, est une idéologie de classe et pas une idéologie de l’identité. C’est un outil pour diviser les mouvements populaires et pour protéger le système social et politique établi sur la base de privilèges, du monopole du pouvoir et de la richesse. C’est vrai pour le régime, mais aussi pour certains groupes que luttent contre lui. Ils emploient le sectarisme comme méthode pour mobiliser le gens sous son influence. La situation maintenant est très difficile. La structure nationale de la lutte s’est bloquée dans les derniers deux années: nous avons des iraniens, libanais, irakiens et d’autres en luttant contre le régime, et jihadistes de beaucoup de pays qu’ils sont en train de lutter avec l’ISIS. Je crois que le rôle des EUA n’est pas moins criminel que celui de la Russie en la planification de la destruction de notre pays, et le rôle d’Israël no plus n’est moins destructif que celui de l’Iran. Au même temps, l’opposition traditionnelle a failli misérablement à l’heure de transmettre nos problèmes ou, au moins, pour sauver la dignité du peuple et la dignité de la révolution.

IDP/LI.- Il semble que la résistance est en train de se concentrer à Alep. C’est ce vrai? Quelle est la situation là?

YH.- Alep c’est important parce que c’est la place où on trouve les trois factions en lutte: le régime, l’ISIS, la FSA et groupes islamiques modérés. Aussi c’est la ville plus importante du pays. Si le régime perd complètement Alep il perdrait aussi l’argument qu’il représente l’unité de la Syrie. Si l’ISIS ou le régime arrivent à contrôler définitivement Alep, nous nous trouverons, peut être, au début d’une nouvelle étape à la Syrie. Il y a d’autres fronts de la lutte à Deera, au sud, à l’est de Ghouta, près de Damas, à la province de Idlib ne pas très loin de Alep, mais ce dernier est vital pour le destin de la révolution et pour n’importe quel type d’accord hypothétique  dans le futur.

IDP/LI.- Sont-elles encore vives les formes d’auto-organitsations comme les comités du peuple syrien qu’ont émergé avec la révolution?

YH.- Ces formes d’auto-organisation ont beaucoup souffert pendant les années 2013 et 2014. Leur époque dorée a été le 2011 et le 2012. À ce époque là, il y avait espace pour des activités créatives dans les niveaux d’organisation, des protestes, de la documentation, de la couverture de mas-media, de la logistique, des services médicaux, du réconfort, etc. Mais la dynamique de la militarisation a porté à une situation avec laquelle les groupes militaires contrôlent ces activités, en limitant les civiles au minimum. Cela a bénéficié la lutte contre la agression du régime, mais il a crée des structures de pouvoir que ne sont pas des révolutionnaires. Le destin de Razan Zeitoona, la renommé et respectée fondatrice des Comités de Coordination Locale est exemplaire en ce niveau. Razan a été prise en otage pour l’Armée Islamique à l’est de Ghouta au décembre du 2013. Ma femme Samira au Khalil, le mari de Razan Wael Hammada, et l’avocat et activiste Nazem Hammadi ont été enlevés avec Razan. On ne sait rien d’eux depuis  beaucoup temps.

IDP/LI.- Peux-tu commenter  le rôle des kurdes syriens dans la révolution?

YH.-C’est un rôle contradictoire. Le pouvoir militer kurde est plus ennemi de la Turquie que du régime syrien. Ils sont alliés du PKK de la Turquie, le pays que, de forme myope, a aidé aux groupes islamiques contre les kurdes. C’est possible que cette politique du gouvernement du AKP à la Turquie a provoqué l’arrivée de milliers de jihadistes à Syrie. Je veux dire que la lutte kurde à la Turquie, un des majeurs alliés de l’opposition syrienne, a laissé un mal impact dans le rôle des kurdes syriens dans la révolution. Jamais il y a eu confrontation entre le PYD et le régime. Il y a des éléments isolationnistes dans la politique du PYD pendant la révolution. Le plus correct, à mon entendre, c’est une grande alliance contre le régime et l’ISIS, avec les kurdes et les arabes, orientée vers la libération de la Syrie pour en bâtir une de nouvelle,  dans laquelle les arabes et les kurdes fussent égaux, comme des individus et comme ethnies. Quant plus grand soit le rôle des kurdes en cette lutte, autant plus partageront le future de la Syrie. Le problème c’est que les kurdes ne sont pas pris conscience pour suivre un plan pan-kurde, que les entretînt unis avec les kurdes de Turquie et l’Irak ou un de propre plan pour la Syrie en faisant cause commune avec d’autres syriens.

IDP/LI.- Pendant les trois années de la révolution, la gauche internationale n’a pas pu réellement bâtir un réseau solidaire avec la révolution syrienne. Encore aujourd’hui, tandis que la révolution continue, cette énorme tâche reste encore en suspens. Quelles sont les tâches de la gauche internationale pour aider à la révolution syrienne, quel type de campagnes internationales concrètes se peuvent faire pour la révolution syrienne?

YH.- Je crois que la gauche politique internationale subit une grande crise, que affecte à sa vision du monde actuel, son rôle, son auto-connaissance, son organisation… La pensée générale de la gauche est conservatrice, vieille, mais réactionnaire. La plupart de la gauche est satisfaite avec les positions contre les EUA, avec des monstres comme Poutine à la Russie, Assad à la Syrie, et le régime des Ayatollahs à Téhéran. Ils parlent beaucoup contre le imperialisme, mais selon mes informations pratiquement ne font pas rien pour aider ou, pour comprendre la lutte contre les oppresseurs locaux ou contre la imperialisme et ses clients.

Celui je trouve plus méprisable de la gauche internationale c’est qu’ils ne savent pas rien sur la Syrie, sur son histoire, sur notre lutte pour la justice et la liberté dans le passé. Toujours la gauche internationale a identifié notre pays avec le régime fasciste de Assad, et elle ne sait rien sur le régime. Les activistes de gauche savent, pour exemple, que Bashar a hérité sa place de chef de la ‘’république’’ de son brutal père qu’a gouverné le pays pendant 30 années? Si cela les semble bien, pourquoi ils ne viennent pas à habiter sous ce régime cruel? Au mois d’août du 2013, la gauche pensait que son devoir était aller contre les intentions de l’Amérique de punir le régime fasciste que a tué à 1.466 personnes en une nuit. Ils ont tranquillisé à l’administration d’Obama de ce moment, en coordination avec l’‘’impérialiste’’ Russie, en convenant que le régime criminel serait désarmé des armes chimiques, mais qu’il aurait licence internationale pour tuer syriens avec n’importe quelle arme. Leur problème n’était pas la guerre, parce que celle-ci servait pour contenir la révolution depuis le premier jour, leur problème était avec le châtiment du criminel. Ils n’ont pas cru que la tâche était progressive et que les américains cherchaient à n’importe quel prétexte pour l’éviter. En tant que syrien je trouve cette position tellement sordide et inhumaine comme celle de l’administration de Obama. Également, ils ne sont pas différents de cette administration. Les derniers ont éliminé les armes des chimies et ils ont permis que le régime continue avec son travail assassin, ces gauchiste ont protesté contre une guerre imaginaire contre le criminel, et jamais ils ont vu rien mauvais dans le régime assassin!

Malgré tout, il y a quelques individus et groupes qu’ont sauvé la dignité de la gauche internationale et que représentent la dignité de la gauche. Comme syrien et comme acteur dans cette terrible lutte, je veux exprimer mon plus profond respect vers eux à la Turquie, à l’Espagne et dans d’autres pays.
Ce interview  a été réalisée par IDP (İşçi Demokrasisi Partisi) et LI (Lucha Internacionalista), sections turque et à l’état espagnol de la UIT-CI (Unité Internationale des Travailleurs-Quatrième Internationale)